Police municipale de Nancy
Le dossier sensible de la sécurité a été abordé lundi lors du conseil municipal de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Le maire (UDI) de Nancy veut renforcer la présence de la police municipale sur le terrain et accentuer le déploiement de la vidéosurveillance. La gauche s’énerve.
Le sujet est très attendu alors que le moindre fait-divers dans la cité ducale déchaîne les passions. Le maire (UDI) de Nancy et son adjoint chargé de la sécurité publique ont présenté lundi leur plan pour lutter contre l’insécurité. Sondage après sondage en période électorale, le sujet de la sécurité est rapidement apparu comme majeur pour les habitants. A Nancy, la droite et la gauche s’opposent sur la question sans réellement trouver de compromis. L’adjoint en charge de la sécurité n’est ni plus ni moins que le célèbre juge antiterroriste à la retraite, Gilbert Thiel.
Pour lui, «il n’y a pas d’homme providentiel, il n’y a pas de recette miracle» pour faire reculer les actes de délinquance à Nancy. En substance, l’ancien magistrat fait comprendre que la ville ne peut pas tout. Une formule qui résonne désormais quand il s’agit d’actions et de femmes politiques. «La sécurité c’est un travail transversal entre la ville et les services de l’Etat» a-t-il assuré lors d’une très longue tirade lundi après-midi. «Le maire de Nancy a décidé de renouveler complètement sa politique de sécurité bien avant les débordements de la fête de la musique 2014, il s’agit d’appliquer les engagements de la majorité qui ont permis notre élection» a rappelé M. Thiel.
Police municipale : des effectifs renforcés et des missions redéfinies
Concrètement, le maire de Nancy a annoncé le recrutement de cinq policiers municipaux dès la fin 2014-début 2015 afin de renforcer les effectifs. Laurent Hénart s’est engagé au recrutement de 10 policiers municipaux d’ici 2020 durant son mandat soit deux par an avec une année sans recrutement. Au sein des effectifs de la police municipale, M. Thiel a rappelé que le chef et son adjoint ont récemment été démis de leurs fonctions afin de désamorcer une situation explosive. «Des dysfonctionnements graves, des dissensions internes notamment en terme de management» a détaillé l’ex-juge. Une nouvelle organisation, un armement remis à niveau et un règlement interne remodelés sont les nouveautés pour permettre une redéfinition des missions de la police municipale qui s’appuie sur trois axes.
D’abord la proximité avec la création d’une brigade de contact urbaine avec trois à quatre agents qui sont chargés de dialoguer avec les habitants et commerçants. La brigade de soirée est maintenant opérationnelle du lundi au samedi, au lieu du jeudi au samedi, avec une prise de service à 18 h et une fin après 3 h dans la nuit. «Il s’agit d’assurer une présence de la police municipale au moment de la fermeture des bars» assure Gilbert Thiel. Après 3h, c’est la police nationale qui prend le relais. «Je ne veux pas rejeter toutes les responsabilités sur l’Etat mais quand une rixe éclate entre 40 personnes dans une rue, c’est du maintien de l’ordre, c’est à la police nationale d’agir» se défend l’un des acteurs de la série Engrenages diffusée sur Canal+.
La verbalisation des automobilistes en chute libre
Enfin, le stationnement sujet «ultra sensible» selon l’adjoint à la sécurité est la troisième priorité de l’action de la police municipale. «Le nombre de verbalisation a été divisé par deux entre 2011 et 2014. On espère que c’est grâce à un regain de civisme des habitants et pas autre chose» a ironisé M. Thiel. «On m’a dit que 65% du temps de travail de la police municipale était consacré à la verbalisation des voitures… cela ne semble plus être le cas assure l’ancien juge antiterroriste. En 2011, il y a eu plus de 106 000 PV de dressés, 91 000 en 2012, 96 000 en 2013 et seulement 54 000 du 1er janvier au 8 novembre 2014. «Les brigades chargées de la circulation et du stationnement commenceront leurs patrouilles plus tôt le matin afin de repérer les problématiques et ainsi mieux gérer les arrivées en masse de voiture aux heures de pointe le matin» a promis Gilbert Thiel.
Plus de caméras et un arrêté anti-regroupement
Concernant la vidéosurveillance, point chaud des tensions gauche-droite, Gilbert Thiel a annoncé l’installation de dix nouvelles caméras de vidéo protection et la création d’un centre de supervision urbain à l’échelle des 20 communes de l’agglomération du Grand Nancy. «On est pas à Nice où on va en mettre à tous les coins de rue mais on est pas non plus à Grenoble où les caméras seront toutes éteintes du jour au lendemain !» a assuré l’adjoint au maire.
Enfin dernier volet du plan de bataille Hénart-Thiel sur la sécurité, l’application dans le secteur de la gare SNCF, Maginot-Thiers d’un arrêté anti-regroupement. Le secteur piéton de l’hyper-centre où se rejoint l’offre de transports en commun de l’agglomération est souvent le théâtre de regroupement de toxicomanes, de personnes ivres et de sans domiciles fixes accompagnés de chiens dangereux. «Il s’agira d’un arrêté anti-regroupement applicable pour la période de décembre-janvier pendant les périodes de fêtes de fin d’années» détaille Gilbert Thiel. La ville de Nancy a finalement fait le choix de ne pas appliquer un arrêté anti-mendicité car «il existe déjà des dispositions dans le Code pénal interdisant la mendicité» assure l’adjoint à la sécurité.
