Police municipale de Toulouse
Sécurité : Pour l’adjoint au maire Olivier Arsac, « Toulouse n’était plus tenue »
Olivier Arsac, le « Monsieur Sécurité » de la mairie de Toulouse nous a détaillé le plan de la nouvelle municipalité en la matière.
Depuis votre prise de fonction vous utilisez souvent le mot « pragmatisme ». C’est quoi le « pragmatisme » en matière de sécurité?
C’est déjà ne pas être dans le déni comme l’était en ce domaine la précédente municipalité. Alors qu’il y a un problème croissant d’insécurité à Toulouse, celle-ci avait une vision de la police municipale un peu trop portée vers le dialogue et la prévention avec au final peu d’action sur le terrain pour gérer les problèmes.
Ensuite, c’est prendre conscience que les Toulousains sont énervés. On leur a en effet vendu un Office de la Tranquillité (OT) qui coûte cher et qui est au final est un bureau des pleurs alors qu’à la base ce n’était pas une mauvaise idée. Aujourd’hui, quand quelqu’un appelle l’OT pour des faits délictueux, il n’y a bien souvent pas d’intervention derrière et cela ne peut nous satisfaire. Ces dernières années, je crois en fait qu’il y a eu une politisation de l’Office de la Tranquilité…
« Aller très vite vers le retour des patrouilles de nuit et l’armement de nos effectifs de jour comme de nuit »
Comment ce pragmatisme va-t-il se traduire dans vos premières orientations?
Nous allons prendre des mesures de deux types. Avec Monsieur Azorin (le chargé de mission sécurité publique à la mairie de Toulouse), nous avons étudié un redéploiement des effectifs vers les zones commerciales et les zones classées à risques, soit les zones avec beaucoup de passage comme Wilson, Arnaud-Bernard et Saint-Pierre à partir du jeudi. Nous voulons aussi aller très vite sur le retour des patrouilles de nuit et l’armement de nos effectifs en journée et la nuit afin de sécuriser ce personnel. Nous voulons aussi mettre rapidement en place une brigade d’intervention en deux-roues motorisés car il faut que nos équipes puissent intervenir rapidement à chaque fois qu’il y a un problème. Ce sont les mesures immédiates que nous voulons prendre ses prochaines semaines.
Il y a ensuite les chantiers que l’on va mener à moyen terme afin que notre politique de sécurité soit totalement sur les rails à la mi-mandat en 2017. C’est la hausse sensible extrêmement sensible des effectifs de la police municipale (actuellement, il y a 150 policiers municipaux et le candidat Jean-Luc Moudenc a annoncé le doublement des effectifs pendant la campagne électorale) et l‘extension de la vidéosurveillance.
Sur ce dernier point, Jean-Luc Moudenc a indiqué vouloir rattraper le niveau d’équipement de villes comme Montpellier et Lyon qui sont loin devant Toulouse. Est-ce réalisable?
Cela ne va pas se réaliser en trois semaines mais nous sommes en train de définir un plan d’équipement. On va voir comment le mener à bien avec les contraintes budgétaires qui seront les nôtres mais j’espère que l’on aura rattrapé notre retard à la mi-mandat. C’est notre objectif car avec la vidéosurveillance, la délinquance réfléchit à deux fois avant de passer à l’acte. La vidéosurveillance est un outil à la fois de prévention car elle a un effet dissuasif et une aide à la répression judiciaire pour les experts . Et cela se fera toujours dans le cadre de la commission éthique de la Ville qui restera la stricte garante des libertés publiques.
« Nos mesures coûteront 5 millions de plus par an par rapport au budget actuel, cela en comptant les aides de l’État »
Justement, à ce niveau, l’opposition municipale juge votre évaluation budgétaire « fantaisiste ». François Briançon annonce que vos mesures coûterons 11,2 millions par an en plus quand vous annoncez une hausse de 5 millions. Qui dit juste?
Quand notre politique de sécurité aura été complètement appliquée, elle coûtera 5 millions de plus par an comparé au budget actuel. Soit moins de 1% du budget de fonctionnement actuel. C’est une hausse qui sera priorisée vu la forte demande manifestée à ce niveau par les Toulousains. Mais quand je parle de 5 millions d’euros, j’intègre dans ce chiffre les aides de l’État qui a toujours aidé les collectivités en matière de sécurité car il y trouve son compte. De fait, quand François Briançon annonce une hausse de 11,2 millions par an, il n’a pas tord mais il ne tient pas compte des aides de l’État.
« Cette ville n’était plus tenue. Notre message, c’est une reprise en main républicaine pour que les gens puissent vivre paisiblement »
Les contrôles envers les SDF ont semble-t-il été renforcés ces dernières semaines. Quelle politique la municipalité va avoir envers ces populations?
Nous serons pragmatiques là aussi. Il va falloir mieux faire travailler les services sociaux autour de ces populations qui méritent d’être aidées. Jean-Luc Moudenc a une fibre sociale et il est très attaché à ça. Il y aura donc une prise en charge sociale mais en même temps la République a besoin d’ordre et ne doit souffrir d’aucune faiblesse. Même en difficulté, ce public n’a pas tous les droits. Voir des SDF qui viennent perturber le déroulement de marchés ou des attroupements dans des lieux très touristiques comme la place du Capitole, Saint-Aubin, Victor Hugo et à proximité du Canal du Midi devant la gare Matabiau ne nous convient pas. Cela montre que cette ville n’était plus tenue… Et notre message, c’est une reprise en main républicaine pour que les gens puissent vivre paisiblement. C’est une aspiration légitime.
Certains bâtiments de la ville sont occupés par squatters comme le 10, quai Saint-Pierre. La mairie va-t-elle intervenir sur ce sujet?
Notre volonté politique a été affichée de rappeler que la loi doit protéger les propriétaires et qu’on ne peut pas impunément occuper des squats. Nous pèserons donc dans les décisions et nous sommes prêts à une coopération avec le préfet qui est le garant de cet équilibre en faisant appliquer les décisions de justice. La question des squats fait partie des dossiers que je vais traiter avant l’été avec le préfet.
« Je vais prendre une décision avant l’été concernant l’arrêt ou non de la Brigade équestre »
Des arrêtés anti-prostitution vont-ils être pris avant l’été?
La brigade équestre va-t-elle de son côté passer l’été?
J’ai rencontré les policiers de la brigade équestre et j’ai été très frappé par l’investissement des 8 policiers municipaux qui font tourner cet outil. Mon opinion n’est cependant pas faite et ma réflexion va continuer dans un cadre plus large qui est celui de la recomposition de la police municipale. Cette brigade a à la fois une image positive et négative auprès des Toulousains. L’on va donc étudier la réalité de son coût et il faudra aussi prouver son efficacité. Là aussi je vais être pragmatique et une décision tombera avant l’été.