Revue de presse

Police municipale de Nouméa

Lettre ouverte au maire de Nouméa

jean leques

Les Nouvelles Calédoniennes ont titré un de leurs articles « Rififi à la police municipale » de Nouméa en relatant la campagne de dénigrement que subit son directeur Johann GOGNETTI sous la forme d’une cascade de plaintes en justice pour « harcèlement moral ».
Quand on connait un peu le passé de cette institution et l’échec de toutes les tentatives de réforme entreprises depuis plus de dix ans… on est sidéré de voir que ce sont les auteurs de ces dysfonctionnements qui se transforment en accusateurs par le jeu de manœuvres dilatoires marquées par beaucoup de mensonges et pas mal de mauvaise foi.

Quelles sont donc les origines et motivations de ce véritable « harcèlement judiciaire » du directeur de la police municipale qui survient après des grèves illégales, des manifestations publiques de racisme anti-métropolitains, des actes d’indisciplines caractérisés ?

Depuis une quinzaine d’années certains agents refusent obstinément toute autorité hiérarchique. Ils veulent auto-gérer leur emploi du temps, leurs congés, le décompte de leurs primes. Tout contrôle est considéré comme une vexation. Ils se refusent obstinément à patrouiller à pied, à aller dans certains secteurs de la ville, à obéir aux consignes données.

Comment en est-on arrivé là ?

Depuis quinze ans la Mairie UMP a oscillé entre volonté de reprise en main et laxisme de connivence. Vos velléités de réforme se sont longtemps heurtées à un « cabinet noir » dirigé par votre adjoint Jean-Pierre GUILLEMARD pour qui cette police municipale était avant tout un instrument politique personnel, source d’informations et moyen de pouvoir local. Les recrutements étaient réservés aux amis bien-pensants, les promotions internes attribuées selon des critères plus clientélistes que professionnels. C’était l’époque où des agents après leur service se transformaient en militants politiques actifs. Une telle dérive a contribué grandement à en faire des « ayant-droit » du clan au pouvoir et à décourager leurs collègues intègres attachés à leur obligation de neutralité.

En 2010 vous vous êtes enfin décidé à faire acte d’autorité en sanctionnant les principaux meneurs pour actes de désobéissance collective. Mais la justice administrative n’a pas confirmé vos sanctions, ce qui a constitué un véritable encouragement à la contestation qui n’a pas cessée depuis lors.

Si certains élus ont longtemps instrumentalisé la police municipale, des agents ont de leur côté utilisé les syndicats pour défendre des revendications personnelles ou régler des comptes particuliers. Quelques organisations syndicales ont pourtant compris la nécessité d’une réforme complète de la police municipale de Nouméa et il faut leur rendre hommage ( SOENC – CFE-CGC..) Mais les plus vindicatifs ont commis l’erreur de reprendre à leur compte des haines à forte connotation xénophobes et fermé les yeux sur l’opportunisme corporatiste de leurs adhérents. Ils portent une lourde responsabilité dans la situation présente.

Comme ses prédécesseurs, M. GOGNETTI est confronté à cette xénophobie. Après sa récente mise-en-examen, la première réaction d’un syndicat contestataire a été de réitérer sa demande de licenciement au profit d’un « directeur calédonien » (sous-entendu non-métropolitain).
Imaginons un instant qu’un mouvement de grève similaire se produise en France pour se débarrasser d’un chef de police noir, par exemple d’origine antillaise ou Kanake, au profit d’un français de souche ! Le Parquet resterait-il inerte ? La presse indifférente ?

Les élus politiques du territoire ne sont pas exempts de responsabilités dans la mesure où ils avaient le pouvoir de rendre applicable à la Calédonie la loi de 1999 qui a fondé les polices municipales en Métropole. Ils en ont parfois évoqué publiquement la nécessité sans jamais la concrétiser. Le résultat est que nous disposons peut-être de la 7ème police municipale de France en terme d’effectifs mais qu’au niveau des compétences effectivement exercées – et donc de son efficacité potentielle – elle se place hélas à la toute dernière place.
En effet il faut savoir que nos policiers municipaux ne disposent que de compétences judiciaires et administratives amoindries par rapport à leurs homologues métropolitains, d’une formation initiale très insuffisante, de l’absence totale de recyclage et de formation permanente, d’un manque évident de professionnalisme dans de nombreux domaines, et d’une ignorance abyssale des règles déontologiques ….( Le code de déontologie n’est toujours pas appliqué en Calédonie ).

On voit donc que l’origine de la crise actuelle n’est que la continuation d’un mauvais feuilleton qui dure depuis une dizaine d’années et dont les causes sont d’origine politique, administratives, structurelles, et même psychologiques.
On retrouve en effet les mêmes acteurs (une trentaine d’agents de grades différents), les mêmes causes (le refus de la mise-en-place d’une police municipale de proximité), les mêmes objectifs à court terme (l’éviction du directeur). On peut noter toutefois quelques variantes : les plaintes en justice ont remplacé provisoirement les grèves sur le tas et les mécontents se sont regroupés dans un « syndicat maison ».
Cette police de proximité qu’ils refusent consiste principalement à déployer les effectifs dans les quartiers de Nouméa, au plus près des citoyens et de leurs problèmes, afin d’exercer un rôle plus actif dans la prévention de la délinquance et d’apporter des réponses immédiates aux actes d’incivilités (tags, nuisances de voisinage, dégradations diverses…). En somme à être physiquement présents – de jour- là ou l’on a effectivement besoin d’eux.

C’est pourtant ce que vous vouliez monsieur le maire. Cela correspond en tous points à vos instructions.

Bien entendu cette mission nouvelle remet en cause des avantages acquis, des primes de nuit importantes, du temps libre. Elle met fin au mythe fondateur d’une police municipale dont la vocation aurait été de remplacer à terme une police nationale « défaillante ».
Rappelons, puisque cela semble être encore ignoré localement, que seul le Haut-Commissaire ( donc la police nationale et la gendarmerie) est chargé du maintien de l’ordre public, et notamment de :
« réprimer les atteintes à la tranquillité publique telles que les rixes et disputes accompagnées d’émeutement dans les rues (…), les attroupements, les bruits et rassemblements nocturnes qui troublent le repos des habitants et tous les actes de nature à compromettre la tranquillité publique »

Les rôles respectifs des polices nationales et municipales étant ainsi parfaitement définis, il suffit d’appliquer la loi. Si l’intérêt de la sécurité à Nouméa nécessite que certains policiers municipaux travaillent le jour au lieu de la nuit, cumulent un peu moins de jours de repos, et arpentent à pieds les rues des quartiers, cela doit s’imposer à tous. Il est grand temps que l’intérêt général prime les avantages individuels et corporatistes.

Puisque toutes les réformes de la police municipale de Nouméa se sont avérées impossibles, dévoyées ou sabotées il ne vous reste plus monsieur le maire qu’à la dissoudre. Son statut est de toute façon complètement obsolète et devra être complètement rénové. Il faut instaurer un recrutement de qualité et neutre, mettre en place des structures réelles de formation professionnelles (initiale et permanente), asseoir les promotions sur la compétence et le mérite, instaurer un contrôle déontologique sérieux (pourquoi ne pas créer une Commission territoriale de déontologie des polices municipales ?).
Le climat actuel de refus d’obéissance larvé, de harcèlement de la hiérarchie sous les prétextes les plus futiles, cette mentalité résiduelle de « cow-boys », cette ignorance totale de la notion d’intérêt général, ce racisme latent … tout cela n’a que trop duré ! Au-delà de l’injustice faite à GOGNETTI c’est en dernier ressort de la sécurité et de la tranquillité des Nouméens dont il est question ici.

Vous pourriez terminer votre carrière d’édile de Nouméa par un acte courageux en favorisant la création d’une nouvelle police municipale, avec des agents qui inspirent confiance, plus motivés, plus professionnels, mieux contrôlés. La majorité d’entre-eux n’attendent que cela. Bref rebâtir une police municipale correspondant à l’évolution de notre société et de notre droit.
Dans le cas contraire, vous assumerez l’échec principal de votre mandature.

DARAM

http://caledosphere.com/2013/08/19/lettre-ouverte-au-maire-de-noumea/#

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