Police municipale de Rouen
Il avait déclaré un faux vol
Publié le 09/07/2013 à 08H00
Justice. Un policier municipal avait prêté son véhicule à un proche, arrêté au volant pour des délits routiers. Il le déclare volé.
Dans la nuit du 4 au 5 mars, des policiers aperçoivent un Peugeot Partner rouler tous feux éteints. Ils se signalent au conducteur, qui préfère prendre la fuite. Il grille deux stops suivi par la patrouille mais finit par perdre le contrôle du véhicule qui s’immobilise. Deux occupants jaillissent de l’habitacle. L’un est retrouvé dans un buisson et placé en garde à vue. Aucun des deux n’est le propriétaire de la fourgonnette. Le matin ce dernier est prévenu du vol.
On lui demande de venir déposer plainte. A 11 h 40 c’est chose faite. A 12 h 11 l’homme est chez son assureur pour faire une déclaration de sinistre. Il y explique s’être fait dérober la clé du Partner pendant qu’il achetait son pain. « Une déclaration sincère et véritable écrivez-vous », relève le président du tribunal correctionnel qui le jugeait il y a peu pour tentative d’escroquerie. En effet à 15 h 56 ce 5 mars, il est entendu par les policiers. Rapidement il reconnaît avoir remis les clés à l’homme en garde à vue. Entretemps ce dernier a en effet expliqué qu’il s’était fait prêter le véhicule. Il déclare même qu’il s’était mis d’accord avec le propriétaire. En cas de pépin ce dernier le déclarerait volé. Un point que l’homme conteste à la barre. « Il devait me la rendre dans les deux heures, il devait faire de la manutention dessus », explique-t-il en parlant du gardé à vue qui est une connaissance de voisinage.
Cinq mois sans solde
« J’avais tellement le sentiment d’être trahi, je ne comprenais plus, j’étais hors de moi, j’ai eu tellement peur », avance l’homme qui craint pour son métier : policier municipal à Rouen depuis 2006. « Vous n’étiez pas obligé d’aller à l’assurance ? » interroge le président. « J’ai pas mesuré les conséquences ». « Quand vous faites la déclaration de sinistre, c’est pour être indemnisé », continue le magistrat. « Pas dans mon esprit, je ne savais plus où j’en étais, je n’avais pas dormi de la nuit ». Le ministère public n’a pas non plus été convaincu par les explications d’« un individu qui ne sait pas trop pourquoi il porte plainte, débordé par ses émotions ». Il a requis six mois de prison avec sursis et l’inscription de la condamnation au bulletin numéro deux du casier judiciaire (synonyme de perte d’emploi pour le policier).
« La rapidité avec laquelle il a fait ses déclarations doit être prise en compte », a estimé son avocat. « Il s’est fait son film quand on lui a parlé d’accident, il a paniqué ». Il a expliqué aux policiers avoir voulu s’extirper de tout lien avec cet individu [le gardé à vue, NDLR]. Depuis les faits, le policier a été suspendu par sa hiérarchie pour cinq mois, sans solde.






