Police municipale de Dijon
Dijon : la violence froide et gratuite
Un homme âgé de 45 ans, sous curatelle renforcée et déjà condamné à 5 ans de prison
en assises, comparaissait hier en correctionnelle pour des faits de violence.
Lorsqu’il entre dans le box, son sourire teinté d’ironie fait presque déjà froid dans le dos. Mélange de provocation et d’habitude, cette forme d’insensibilité sarcastique ne le quittera pas de toute l’audience. Les faits qui lui sont reprochés sont pourtant d’une extrême gravité et, sans la présence de deux policiers municipaux, auraient pu se terminer dramatiquement pour la victime.
Le 10 février 2013, vers 19 heures, au beau milieu de la place Darcy à Dijon, un badaud croise le prévenu qui promène son chien. Face à son comportement peu orthodoxe envers l’animal, le passant se permet une simple remarque. Anodine. Mal lui en prend. Il est soudainement roué de coups de poings au visage sur lequel de grosses bagues occasionneront de terribles blessures. C’est l’intervention rapide des deux policiers municipaux qui stoppera les violences. Ces derniers seront par ailleurs copieusement insultés et commotionnés lors de l’interpellation. L’individu, âgé de 45 ans, sous curatelle renforcée, est déjà en état de récidive, ayant été précédemment condamné à 5 ans de prison par la cour d’assises. Le jour des faits, il révèle un taux d’alcoolémie de près de 1,50 g/l. Une habitude chez lui.
Aux questions du président Charmoillaux et du procureur Chemin, répond toujours la même ironie et indifférence, totalement dénuée d’émotion : « Je me suis défoulé. Je ne regrette pas. Il n’avait rien à me dire sur mon chien. Tant pis pour lui. » Silence dans la salle. Il redemande soudain la parole « Si. Je regrette pour les policiers. Ils font leur travail. Mais pas pour l’autre. » Des propos que confirmera la lecture sans appel du rapport d’expertise psychiatrique : « Pathologie de type psychopathe. Aucune empathie pour ses victimes. »
Devant cette attitude déconcertante, M e Lukec qui défendra la victime (absente) sera brève. « Même devant l’expert, il n’a eu aucun regret. Le préjudice médical et moral est énorme. Mon client est défiguré. » Pour les policiers « qui ne sont pas des punching-balls », M e Ruther est persuadé qu’il recommencera et se demande dans quel état aurait-on retrouvé la victime sans leur aide ?
Le procureur ne cachera pas son inquiétude « devant ces violences gratuites, ce manque total de responsabilité et cette espèce de provocation et de fierté imbécile ». Il évoquera forcément la récidive et le lourd passé du prévenu jalonné d’alcool et de coups. Et de conclure : « On aurait une nouvelle fois pu se retrouver aux assises. Il est dangereux pour la société. »
M e Deguines-Frappat parlera bien évidemment d’alcool, de maladie et de souffrances familiales, latentes depuis toujours. « La prison ne réglera pas tout. Il faut le soigner. Il vous appelle à l’aide. »
Le tribunal l’a partiellement entendue, condamnant Christophe Mortet à 18 mois de prison dont 6 assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve (soins), à 1 500 € de dommages et intérêts à la victime pour préjudice esthétique et à 300 €pour les policiers municipaux.
http://www.bienpublic.com/grand-dijon/2013/03/26/dijon-la-violence-froide-et-gratuite