Police municipale de bergerac
Police municipale : le grand malaise
L’affaire des agents attaqués révèle les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien. Deux policiers racontent.

Les patrouilles ont été renforcées aux heures « délicates ». (PHOTO ARCHIVES ÉMILIE DROUINAUD/ « SO »)
Avec treize agents sur le terrain tous les jours, les policiers municipaux sont confrontés du matin au soir aux insultes et aux menaces de marginaux. « Sur les 80 qui vivent à Bergerac, il y a une vingtaine de meneurs, et des grandes gueules qui nous jettent les PV à la figure, ont repéré où habitent nos familles et nous le font savoir. Ils nous narguent même quand nous ne sommes pas en service. Avec ceux-là, il n’y a plus aucune communication, seulement de la provocation », résume Pascal Bibard, le chef de la police municipale. C’est cette pression quotidienne qui a explosé avec l’incident de mercredi soir, où le chien d’un marginal a mordu trois agents municipaux, dont l’un très sérieusement à la cheville (lire « Sud Ouest » d’hier).
Une insécurité ressentieUn agent supplémentaire doit les rejoindre d’ici fin juillet. Mais ce personnel et leurs véhicules ont un coût qui pèse sur le budget municipal. Pascal Bibard glisse la valeur d’une motocrotte : 16 000 euros, pour nettoyer les déjections canines. Entre mars 2011 et mars 2012, la police municipale a comptabilisé 340 verbalisations à l’encontre de marginaux pour trouble à la tranquillité publique. « Pour autant, ils restent en liberté ! », s’indigne un agent.
« Celui qui est à l’origine du dérapage de mercredi soir avait écrasé sa cigarette sur le visage d’un handicapé ! Et il est dehors ! La population ne comprend pas. D’autant qu’elle voit uniquement la police municipale se préoccuper de ce problème. » Les patrouilles sont renforcées en milieu d’après-midi, lorsque les rassemblements se forment, notamment à proximité de l’église Notre-Dame. « Ils sont une vingtaine, avec des chiens, et les riverains ne se sentent pas en sécurité », constate Pascal Bibard.
Pour Fabrice Rhode, son collègue, « le problème est à aborder de façon plus globale. Ça ne peut pas être que de la répression. Il faut aussi des acteurs sociaux. Nous, on arrive en fin de course ».
Pas la guerreLes deux responsables de la police municipale contestent le terme de « guerre des polices ». « Nous avons de très bons rapports avec le commandant Andrieux (NDLR : patron du commissariat de police), et nous collaborons régulièrement avec la police nationale. Nos effectifs et nos missions ne nous offrent pas le luxe de nous faire la guerre. Nous sommes prêts à faire les patrouilles ensemble. Notre détermination reste la même dans ce sens. Mais le contexte s’y prête mal. »
source sud-ouest