SAINT-LÉGER-LES-DOMART Plaidoyer pour une police municipale
SAINT-LÉGER-LES-DOMART Plaidoyer pour une police municipale
Ceci n’est pas une œuvre d’art contemporain posée en plein Saint-Léger-Lès-Domart. Mais l’abri-bus dont les parois en verre ont été brisées ce week-end.
Police or not police ? Il y a un an à peine, le maire de Saint-Léger-Les-Domart, Daniel Laurent, relançait l’idée à l’occasion de ses vœux: créer une police municipale. Ou plus exactement, une police municipale intercommunale, avec ses voisins de Saint-Ouen et de Berteaucourt-Lès-Dames.
Aujourd’hui, le projet se trouve sur liste d’attente. Une fatalité avec laquelle Daniel Laurent compose. «Il a fallu faire des choix. Notre commune connaît un taux de chômage de 20%. Avec la fermeture de Sièges de France en 2010, 78 habitants de la commune sont sur le carreau. Oui nous aurions besoin d’une police municipale. Elle ne pourrait voir le jour qu’en mutualisant les moyens. Mais même de cette façon, en partant sur l’idée de deux policiers, pour permettre des rondes le soir, ça resterait financièrement lourd.» Daniel Laurent estime que sa commune devrait investir 30 000 euros environ. «Cela signifierait une augmentation de la part communale des impôts. Je ne suis pas certain que la population puisse l’absorber.»
Par ailleurs, Saint-Léger doit faire face à d’autres dépenses urgentes. Comme la remise en état du réseau d’eau communal. Mais aussi à l’investissement, là encore avec Berteaucourt et Saint-Ouen, dans une nouvelle station d’épuration attendue pour 2013.
Pourtant, à en croire les trois maires qui concentrent une population d’un peu plus de 5 000 habitants sur une faible superficie, la présence de l’uniforme ne serait pas superflue.
Incivilités nocturnes et excès de vitesse sont comme autant de cailloux dans la chaussure des élus. « Il y a une petite délinquance, analyse Daniel Laurent. Ce week-end, les parois de l’abri bus en verre ont été pulvérisées. »
En projet depuis des années
De son côté, Jean-Paul Delavenne, le maire de Berteaucourt-Lès-Dames, estime lui aussi qu’il faudra remettre l’idée de police intercommunale au goût du jour. «On en parle depuis plusieurs années. On sent qu’il manque une présence. Cette nuit par exemple (NDLR : entre lundi et mardi), un collecteur de vêtements a été retourné sur la voie publique.»
«Une présence sur le terrain»
En phase avec ses collègues, Jean-Pierre Saint, le maire de Saint-Ouen, s’interroge également sur un aspect technique. «J’avais un policier municipal à temps plein. Son évolution de carrière fait qu’il nous a quittés. Pour lui succéder, nous ouvrons un poste non pas de policier municipal, mais de policier rural. C’est toujours de la police, mais plus adaptée.»
Jean-Pierre Saint regrette par ailleurs le «manque de moyens de la gendarmerie». Il souligne: «Il faut une présence sur le terrain. » Daniel Laurent va plus loin, en ces temps préélectoraux et assène: «Nous payons le désengagement de l’État à tous les niveaux. (…) Donc les petites communes doivent faire leur police.»
Reste à savoir si le discours de ces trois maires résiste aux chiffres de la délinquance sur leur secteur. «On nous parle de statistiques qui baissent, c’est vrai. Mais je sais que des gens n’osent pas porter plainte par peur de représailles», répond Daniel Laurent.
À l’heure de boucler ces lignes, nous n’avions pas reçu les chiffres demandés auprès des autorités habilitées à communiquer.
FRÉDÉRIC PETRONIcourrier picard